La fertilisation d’une pelouse durable

Pourquoi fertiliser ?

Comme tous les végétaux, la pelouse a besoin de lumière, d’oxygène, d’eau et d’éléments nutritifs pour sa croissance. Lorsqu’une pelouse est implantée sur un sol meuble et fertile de 12 à 15 cm d’épaisseur, le développement de son système racinaire est tel que ce dernier explore un grand volume de sol et comble une partie importante de ses besoins en eau et en éléments nutritifs. Aussi, la pratique de la fertilisation joue un rôle important en remplaçant la perte d’éléments nutritifs comme l’azote, le potassium et le calcium qui sont lessivés dans le temps. L’amélioration de la qualité du sol via des pratiques culturales comme les aérations avec prélèvements, l’apport d’amendements organiques comme les composts de concert avec une fertilisation permettent d’améliorer les pelouses dégarnies et de les rendre plus durables.

Avant d’amender votre sol ou de fertiliser votre pelouse durable, il est recommandé de :

  • Faire d’abord votre analyse de sol afin de déterminer ses propriétés chimiques (éléments nutritifs disponibles, pH, matière organique, etc.) afin de déterminer les correctifs à apporter, s’il y a lieu.
  • Fertiliser ou apporter des amendements comme la chaux lorsqu’il y a présence de déséquilibres importants.
  • Les apports d’engrais doivent être effectués méticuleusement avec l’objectif de combler les besoins d’une pelouse durable, sans plus.

Réduire les apports en azote lorsqu’il y a une présence significative de trèfles sur la surface de la pelouse et/ou si l’adoption de l’herbicyclage (retour des rognures de gazon) est pratiquée.

À retenir

En plus de fournir des éléments nutritifs à la pelouse pour lui permettre de croître et de se développer, la fertilisation contribue également à accroître la vie microbienne, la matière organique et la structure des sols, en plus d’en améliorer la fertilité. Par l’augmentation de la croissance et de la densité du feuillage, cette pratique d’entretien est à la base de l’herbicyclage, qui à son tour, comblera une partie des besoins nutritifs de la pelouse durable. Ce cycle de bonne pratique « fertilisation-herbicyclage » est un des principes de base de la pelouse durable, qui vise à accroître l’autonomie du couvert végétal.

Quand fertiliser ?

Les besoins nutritifs d’une pelouse durable varient au cours de la saison. La fertilisation devrait fournir les éléments nutritifs à la bonne dose et au bon moment, soit lorsque la pelouse est en croissance active et en mesure de les absorber et de réduire leur perte dans l’environnement.

Au Québec, la croissance active et le développement racinaire des pelouses surviennent au printemps jusqu’à la mi-juin et reprennent de la mi-août jusqu’à la fin septembre. Lors des périodes de sécheresse ou de canicule, on doit s’abstenir de fertiliser au risque d’endommager la pelouse et de générer des pertes dans l’environnement.

À retenir

Lorsque nécessaire, la fertilisation doit être synchronisée avec les besoins en éléments nutritifs et la croissance des pelouses afin de maximiser leurs bénéfices dans une optique durable.

6 informations essentielles à retenir au moment de fertiliser la pelouse
 

1. Quels sont les éléments nutritifs majeurs dont la pelouse a principalement besoin ?

Comme la plupart des végétaux, la pelouse prélève en grande quantité des éléments majeurs comme l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K). L’azote favorise la croissance du feuillage et la photosynthèse, alors que le phosphore est notamment impliqué dans le développement des racines. Quant au potassium, ce dernier aide les pelouses à tolérer divers stress comme la chaleur et le piétinement. À titre d’exemple, un engrais dont le sac montre les chiffres 10-2-8 signifie qu’il contient 10 % d’azote, 2 % de phosphore et 8 % de potassium disponibles sur une base de poids.

Lorsque les niveaux de matière organique et de vie microbienne du sol sont adéquats, ces derniers comblent normalement les besoins en oligoéléments de la pelouse.

À retenir

La teneur en N-P-K varie en fonction des produits ; il est recommandé de choisir sa formulation d’engrais et de compost en fonction des besoins spécifiques de la pelouse.

En adoptant le cycle de bonne pratique « fertilisation-herbicyclage », une partie des besoins en éléments nutritifs de la pelouse durable sera comblée. Concernant le phosphore, au fil du temps, les apports pourront être diminués, et probablement même éliminés. Après quelques années d’entretien de votre pelouse, une analyse de sol pourra alors s’avérer utile pour déterminer les correctifs à apporter.

2. Quelles sont les sources d’éléments nutritifs que je peux utiliser pour ma pelouse durable ?

Les éléments nutritifs dont votre pelouse a besoin peuvent provenir de plusieurs sources :

a) Les engrais

Les engrais peuvent se classer en trois catégories, soit synthétiques, naturelles ou à base organique.

  • Engrais de synthèse (chimiques) : engrais fabriqués à l’aide de processus industriels. Ils contiennent les éléments fertilisants parfois très solubles, à dégagement rapide et disponibles à court terme. Leur utilisation doit être bien synchronisée avec les périodes de croissance active des pelouses, afin de limiter leurs pertes dans l’environnement.Par ailleurs, l’utilisation de diverses technologies permet l’obtention d’engrais de synthèse à libération lente ou à libération contrôlée qui améliorent le prélèvement des éléments nutritifs par les plantes et qui réduisent le nombre d’applications.
  • Engrais naturels : engrais entièrement issus de sources naturelles, soit de substances organiques ou substances inorganiques tels que de minéraux provenant de gisements naturels (p. ex. : les phosphates de roche, le gypse).

    1. Engrais organiques : engrais provenant de la transformation de produits d’origine végétale ou animale, par exemple, la farine de sang, les algues séchées ou le fumier de poule. Ils doivent être dérivés à 100 % de sources organiques. Contrairement aux engrais de synthèse qui sont composés d’éléments nutritifs qui peuvent être rapidement disponibles, les engrais organiques nécessitent d’être digérés, minéralisés par les micro-organismes, avant de pouvoir être absorbés par les plantes. Les engrais organiques libèrent leurs éléments nutritifs graduellement dans le temps, soutiennent la vie biologique et favorisent la structure de sols. Cependant, les engrais organiques jouent un rôle important et non négligeable pour favoriser la matière organique.
    2. Engrais inorganiques : engrais minérales issus de sources naturelles, par exemple, la pierre et autres types de minéraux.

  • Engrais à base organique : engrais composés à la fois d’engrais de synthèse et d’engrais organique d’origine végétale ou animale. Ces engrais doivent contenir un minimum de 15 % de matières organiques.

Les engrais de synthèse, organiques et à base organiques sont disponibles sous différentes formes dont les plus populaires sont granulaires ou liquides; quant aux engrais naturels, ils sont principalement disponibles sous forme granulaire ou de poudre.

Engrais chimiques, engrais naturels : quoi choisir ?

Les plantes prélèvent des éléments nutritifs (azote, phosphore, potassium, etc.) dans le sol indépendamment de leur provenance. Les engrais organiques et à base organique vont toutefois améliorer la vie microbienne et la microfaune, en plus d’améliorer la structure du sol.

À retenir

Il existe donc une grande diversité au sein de l’offre des engrais pour fertiliser les pelouses durables. Parmi les choix qui permettent de réduire les risques de pertes dans l’environnement, on retrouve les engrais à libération lente ou à libération contrôlée, ainsi que les engrais organiques lorsque ces derniers sont appliqués aux taux prescrits.

b) Les composts et amendements de sol

Les composts sont des amendements de sol et la plupart de ceux-ci possèdent un contenu en N-P-K disponible généralement faible. Leurs fonctions premières visent surtout à enrichir le sol en matière organique, à améliorer sa rétention en eau et dynamiser l’activité microbienne entre autres. Ils sont ajoutés à la surface du sol ou suite à une aération avec prélèvements. 

L’intérêt de recourir à ces amendements vise en premier lieu à nourrir le sol, plutôt que la plante directement, et ce faisant, à dynamiser la vie microbienne, et ainsi, à rendre davantage disponibles les éléments nutritifs contenus dans le sol pour la pelouse.

À retenir

Les composts sont d’abord et avant tout utilisés pour bonifier la qualité du sol, qui à son tour, favorisera la disponibilité des éléments nutritifs présents dans le sol, au bénéfice de la pelouse.

c) L’herbicyclage

L’herbicyclage consiste à laisser les résidus de tonte à la surface de la pelouse. Lors de la dégradation de ces derniers par les microorganismes, jusqu’à 30 % des besoins en éléments nutritifs, dont 50 % des besoins en azote, peuvent être rencontrés lorsque la croissance du feuillage est soutenue. Une présence significative de trèfle dans une pelouse durable permet également de réduire les apports en azote puisque ce dernier est fixé dans le sol pour les légumineuses.  

À retenir

Lorsque la croissance est soutenue et active, la pratique de l’herbicyclage permet de réduire les apports en éléments nutritifs provenant des engrais.

L’acidité du sol, un facteur à considérer pour la fertilisation

Pelouse composée principalement de graminées

La pelouse composée principalement de graminées aime un sol légèrement acide (pH = 6,5). Lorsque le niveau d’acidité du sol devient trop élevé (pH inférieur à 6), sa vigueur diminue, ainsi que la disponibilité de certains éléments nutritifs. L’activité des microorganismes s’en trouve également ralentie, ce qui participe à la formation du feutre (chaume) dans les pelouses.

Pour corriger le niveau d’acidité à 6,5, il est alors conseillé d’appliquer de la chaux. Une analyse de sol permettra de déterminer le type de chaux, ainsi que le taux d’application pour votre pelouse.

Pelouse composée principalement d’autres espèces de végétaux

Si votre pelouse est composée majoritairement d’autres plantes, veuillez vous assurer que le pH de votre sol correspond au niveau d’acidité recommandé pour ces ces dernières. La majorité des plantes prospèrent dans un sol avec un niveau de pH se situant entre 6 et 7.

À retenir

Le niveau de pH d’un sol est une propriété chimique qui n’intervient pas directement dans la fertilisation des plantes, mais qui affecte la disponibilité des éléments nutritifs et la vie microbienne, ainsi que la vigueur de la pelouse.

3. Quelle quantité d’engrais appliquer ?

  • Avant d’appliquer un engrais ou un amendement, la première étape consiste à mesurer la surface à couvrir et utiliser le bon taux d’application prescrit sur les emballages des sacs ou contenants d’engrais afin de réduire les risques d’endommager la pelouse par une surfertilisation (p.ex. : brûlure du feuillage) et les pertes dans l’environnement.
  • Au Québec, une pelouse durable devrait recevoir chaque année environ 1,25 kg d’azote par 100 m2 (2,5 lb/1000 pi2). N’oubliez pas de fractionner vos différentes applications pendant la saison de croissance afin d’éviter les risques de perte dans l’environnement.
  • La quantité d’engrais à appliquer doit être ajuster selon les pratiques culturales, la santé et la qualité de votre pelouse et la présence d’espèces légumineuses. En effet, la présence de trèfle sur une portion significative de la surface de la pelouse et/ou l’adoption de l’herbicyclage sur une pelouse dense et vigoureuse devraient se traduire par une diminution des apports en azote suggérés par les fabricants.
  • Vous avez des raisons de croire que votre pelouse présente un problème particulier? Faites analyser votre sol ou consultez les spécialistes de votre jardinerie ou des entreprises d’entretien d’espaces verts de votre région.

Les espèces légumineuses fixent l’azote de l’atmosphère et le rend ainsi disponible dans le sol. La dégradation des résidus végétales et racinaires permet de retourner des quantités plus ou moins importantes d’azote au sol. L’herbicyclage pratiquée avec des espèces légumières sur une surface significative pourrait donc favoriser la fertilisation azotée.

À retenir

Les apports d’engrais doivent être effectués méticuleusement avec l’objectif de combler les besoins d’une pelouse durable, sans plus. Aussi, la présence de trèfle sur une portion significative de la surface de la pelouse et/ou l’adoption de l’herbicyclage devraient se traduire par une diminution des apports en azote suggérés par les fabricants.

Le phosphore au Québec, on peut s’en passer ?

À l’état naturel, la plupart des sols au Québec contiennent suffisamment de phosphore (P) dans les premiers 20 cm. Toutefois, seule une petite partie est disponible et utilisable pour la nutrition des végétaux, la grande majorité (80-95 %) étant fixée sur les particules de sol et non assimilable. Il peut donc s’avérer nécessaire de fertiliser en phosphore selon la fertilité du sol ou dans la phrase initiale du développement racinaire.

  • Lors de l’implantation d’une pelouse par engazonnement ou ensemencement, il est donc recommandé de faire une application d’engrais démarreur (contenant du phosphore) afin de favoriser l’enracinement.
  • Lors de l’entretien, si la pelouse a été établie selon les bonnes pratiques durables, qu’elle est en santé et que l’herbicyclage est pratiqué, l’ajout de phosphore n’est normalement pas nécessaire.

À retenir

Recherchez les fertilisants dont le deuxième chiffre du N-P-K est 0, sauf au moment de l’implantation d’une nouvelle pelouse.

4. Combien d’applications d’engrais ou de compost doit-on faire ?

  • Lorsqu’il s’agit d’une fertilisation pour l’entretien régulier de la pelouse, autant pour les engrais à dégagement lent et à libération contrôlée que pour les autres types d’engrais, on recommande de fractionner en petites doses la quantité requise, minimisant ainsi les risques de pertes dans l’environnement. Toutefois, l’utilisation d’engrais à dégagement lent ou à libération contrôlée peut permettre de réduire le nombre d’applications, tout en optimisant l’absorption des éléments nutritifs.
  • Sur les sols sablonneux, il est recommandé d’augmenter le nombre d’applications tout en diminuant la quantité d’engrais ou de compost appliquée à chaque fois. À plus long terme, l’apport de matières organiques, sous forme de terreautage avec un bon compost, permettra au sol de mieux retenir les éléments nutritifs et l’humidité.
  • Si l’analyse de votre sol démontre un déséquilibre, des applications supplémentaires peuvent s’avérer nécessaires pour corriger la situation (p. ex. le niveau de pH, le manque de potassium, etc.).
  • Assurez-vous de suivre le mode d’emploi et les taux recommandés par le fabricant d’engrais.

À retenir

Le nombre d’applications d’engrais devrait être dicté par le type d’engrais choisi et son mode d’emploi figurant sur l’emballage du fabricant. En général, on favorise le fractionnement en petites doses pour les engrais qui se dégagent rapidement, alors que les apports des engrais à dégagement lent ou à libération contrôlée peuvent être appliqués de façon moins fréquente.

5. Comment appliquer les engrais et les composts ?

Les engrais granulaires peuvent être épandus en utilisant un épandeur rotatif ou par gravité. Afin de s’assurer d’une fertilisation uniforme, il serait approprié de réduire de moitié le taux d’application et d’effectuer non pas un seul, mais deux passages perpendiculaires. Les composts vendus en vrac peuvent être appliqués à l’aide d’équipements spécialisés tels qu’un épandeur à compost ou tout simplement manuellement à l’aide d’une pelle et d’un balai à feuilles.

L’application d’engrais devrait toujours se limiter aux surfaces engazonnées, et non pas aux espaces pavés ou bétonnés, afin d’éviter qu’ils atteignent les milieux sensibles comme les lacs et cours d’eau, et le gaspillage.

À retenir

L’application des engrais ou composts doit être effectuée avec précision et uniformité afin de favoriser une croissance homogène de la pelouse. Aussi, l’utilisation d’équipements adaptés aux usages permet d’appliquer les engrais aux taux prescrits et aux bons endroits, dans le respect de l’environnement.

6. Quelles précautions doit-on prendre lorsque la pelouse est située près d’un lac ou d’un cours d’eau ?

Afin de préserver la qualité des cours d’eau, il est essentiel de conserver la végétation naturelle des rives comme zone tampon et il est fortement recommandé de ne pas appliquer de fertilisants dans la bande riveraine, ni de tondre les graminées. Assurez-vous de contacter votre municipalité afin de valider les distances réglementaires à respecter pour l’épandage de matières fertilisantes et pour connaître les réglementations en vigueur.

À retenir

  • Près d’un lac ou d’un cours d’eau, on protège la bande de végétation riveraine et on s’informe de la réglementation en vigueur auprès de sa municipalité.
  • À l’extérieur de la bande riveraine, si cela est nécessaire, choisissez le bon fertilisant, épandez-le au bon moment, au bon endroit, et dans les bonnes conditions. Votre pelouse durable y gagnera en santé… l’environnement aussi. Si vous avez besoin d’accompagnement, n’hésitez à faire appel à votre jardinerie ou à une entreprise spécialisée en entretien des espaces verts.

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